Animaux expérimentation scientifique: quel est le plus utilisé ?

Imposer une règle universelle ne suffit pas toujours à refléter la réalité des laboratoires français. Les chiffres s’en chargent : la souris de laboratoire, ce petit mammifère discret, concentre à elle seule près de 75 % des animaux utilisés dans la recherche scientifique en France, selon les relevés du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Malgré l’émergence de méthodes alternatives, malgré des textes stricts, la souris reste le pilier des protocoles expérimentaux. Son règne ne tient pas du hasard.

Les espèces sollicitées diffèrent d’une discipline à l’autre, mais la domination de la souris s’explique par sa capacité à s’adapter à l’élevage et la diversité de ses modèles génétiques. Derrière elle, d’autres animaux, comme le rat, le lapin ou le poisson-zèbre, occupent une place plus discrète mais toujours significative dans les laboratoires.

A voir aussi : Nid de frelon : qu'est-ce que c'est et comment s'en débarrasser ?

Panorama actuel de l’expérimentation animale : chiffres et espèces concernées

Les rapports successifs du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation dressent un constat sans détour : la souris tient le haut du pavé dans les laboratoires français. Près de 2 millions d’animaux ont été utilisés à des fins scientifiques en 2023, dont 68 % de souris. Cette domination tient autant à la facilité de manipulation et d’élevage de cette espèce qu’à la variété des lignées génétiques créées pour la recherche.

La France s’aligne ainsi sur ses voisins européens : la souris occupe 47,8 % du total des animaux expérimentés sur le continent, suivie par le poisson (30,3 %) et l’oiseau (6,2 %). Si on se recentre sur l’Hexagone, le lapin arrive juste derrière la souris, pour 8 à 9 % des utilisations, puis vient le rat (7 %). Certaines espèces, dont l’image frappe l’opinion, restent beaucoup moins nombreuses. Pour mieux situer leur poids, voici des chiffres tirés des années récentes :

A voir aussi : Les changements de comportement des animaux domestiques observés pendant le confinement

  • 4 107 chiens concernés en 2023
  • 3 500 primates non humains, essentiellement des macaques importés
  • 1 018 chats enregistrés en 2021
  • 50 322 cochons d’Inde recensés en 2021

La Commission européenne résume la situation en une fraction qui donne le vertige : singes, chiens et chats représentent 0,23 % des animaux concernés par l’expérimentation. Derrière chaque espèce, une finalité différente : la recherche fondamentale, l’exploration de pathologies humaines, la mise au point de médicaments ou le contrôle réglementaire de substances chimiques.

Ce paysage reflète la complexité de l’expérimentation animale : chaque animal trouve sa place selon les besoins précis des protocoles en vigueur et la législation en place.

Quel animal est le plus utilisé aujourd’hui en recherche scientifique ?

Incontestablement, c’est la souris qui tient le premier rôle dans l’Hexagone. Les données du ministère l’attestent : près de 68 % des animaux utilisés en expérimentation l’an passé étaient des souris. Si les laboratoires s’y fient autant, c’est pour des raisons pragmatiques. Petite, facile à élever, prolifique, la souris offre surtout une formidable diversité de modèles génétiques sur lesquels les chercheurs s’appuient : comprendre la transmission des gènes, analyser les tâtonnements du cancer, décortiquer la mécanique des maladies neurodégénératives ou tester des traitements inédits.

Cette hiérarchie se retrouve à l’échelle européenne. Derrière la souris : le lapin (autour de 8 à 9 % dans l’Hexagone) et le rat (7 %). Le poisson, majoritairement le poisson-zèbre, représente 30,3 % dans les labos européens, tandis que les oiseaux totalisent 6,2 % des animaux concernés.

Les espèces dont l’utilisation émeut souvent le grand public restent en réalité minoritaires. Un coup d’œil aux données suffit : la France a recensé 4 107 chiens et 3 500 primates en 2023. Les cochons d’Inde (50 322 en 2021) et les chats (1 018 en 2021) figurent bien dans la liste, mais rien qui puisse déstabiliser la suprématie du trio de tête.

Voilà la réalité telle qu’elle s’écrit au quotidien derrière les portes des animaleries : la souris cristallise l’essentiel de la recherche, tandis que les autres espèces interviennent surtout pour des protocoles où elle ne suffit plus.

Entre nécessité scientifique et bien-être animal : où en sont les pratiques ?

Depuis la publication de la directive 2010/63/UE, la réglementation européenne encadre strictement l’expérimentation animale. Les tests sur les cosmétiques sont bannis des labos depuis 2009, et l’usage des grands singes n’a plus droit de cité depuis 2010. Mais le changement le plus significatif reste la règle des 3R : remplacer l’animal dès qu’une alternative fiable existe, réduire les effectifs, raffiner les procédures afin de limiter douleurs et stress autant que possible.

En France, ces priorités prennent la forme d’obligations concrètes inscrites dans le code rural. Impossible désormais de faire entrer un protocole en laboratoire sans soumettre chaque détail à un comité d’éthique indépendant. Les vétérinaires-inspecteurs de la DDPP sont présents, multiplient les contrôles et valident sur le terrain la conformité des pratiques. Jusqu’au devenir des animaux après expérimentation, rigoureusement encadré par le texte : l’article R214-112 du code rural permet leur adoption lorsque leur santé le permet.

Certains animaux, comme les chevaux (réutilisés à 83,5 %) ou les chats (61,4 %), sont utilisés dans plusieurs études. Du côté des chiens et des macaques à longue queue, la réutilisation tourne autour de 36,2 % et 32,9 %. L’objectif reste le même : limiter les prélèvements dans les élevages, éviter la multiplication des animaux utilisés et protéger ceux déjà présents en laboratoire.

Cette vigilance s’invite à tous les niveaux du travail scientifique. Chartes nationales, recommandations, pression de la société civile : la question du bien-être animal évolue au fil des avancées réglementaires et du progrès des méthodes de substitution. Désormais, chaque nouvelle procédure est scrutée sous l’angle du respect dû à l’animal.

animaux laboratoire

Vers des alternatives éthiques : quelles perspectives pour l’avenir ?

La directive européenne 2010/63/UE fixe la ligne d’horizon : parvenir à une recherche sans animaux vivants. Ce cap façonne l’innovation, propulsant chaque année de nouvelles méthodes alternatives plus précises, plus performantes. Les avancées sur les organes et organoïdes-sur-puces, qui reproduisent fidèlement la fonction de tissus ou d’organes humains sur micro-supports, changent déjà la donne. En France, des investissements annoncés à hauteur de 48,4 millions d’euros, via France 2030, visent à accélérer cette transition.

D’autres solutions s’imposent progressivement : développement des méthodes in vitro, déploiement de la modélisation informatique (in silico), protocoles de culture cellulaire humaine, analyses immunologiques. Des initiatives nationales rassemblent équipes de recherche et institutions pour mettre en commun les essais et valider les procédures, tandis que des fondations privées apportent leur soutien financier. Sur le terrain, des associations assurent aussi la prise en charge et la reconversion des animaux qui quittent les laboratoires.

Le 24 avril revient chaque année, Journée mondiale dédiée aux animaux de laboratoire, et rappelle que la société attend la conjugaison du progrès scientifique avec le respect de la vie animale. Pression citoyenne, rigueur scientifique, imagination technique : il s’agit d’accélérer la mutation, d’élargir la place des alternatives et de maintenir la lumière sur l’éthique. Les habitudes des laboratoires changent déjà,l’élan ne demande qu’à se prolonger, pour qu’à chaque avancée scientifique corresponde une avancée pour les animaux, et pour la conscience collective.